Lamia, Algérie, 2001
En 2001, l’Algérie sort de presque dix ans d’une atroce guerre civile opposant l’armée nationale populaire et plusieurs groupes islamistes. Entre 60 000 et 100 000 morts plus tard, le gouvernement l’emporte et finit par obtenir la reddition des factions adverses. Abdelaziz Bouteflika est élu président en 1999 et cherche à obtenir la concorde nationale et à relancer l’économie de l’Algérie.
Je m’appelle Lamia. J’avais 29 ans quand je suis arrivée en France. Je suis arrivée le 22 février 2001, de ma ville natale.
Je me suis réveillée le matin pour me préparer, pour aller faire ma dialyse en Algérie. Avant que je parte, je suis allée aux bains turcs pour me détendre.
Mon frère est venu dire à ma mère, j’ai besoin de Lamia. Il faut qu’elle parte maintenant à Paris. Je suis sortie du bain à la hâte. J’ai pris l’avion qui était en train de m’attendre et je suis venue à Paris.
Ma première nuit en France, c’est la nuit de ma deuxième naissance. On m’a réveillée. On m’a donné un comprimé pour que je me rendorme une seconde fois. Et là, je ne sais pas ce qui s’est passé. J’ai vraiment dormi. Je savais que j’allais me faire transplanter. J’avais vraiment confiance en moi parce que je ne savais que j’étais entre de bonnes mains.
Je suis venue avec un livre. Que je n’ai pas terminé de lire dans ma ville, dans mon pays. Un livre d’un auteur égyptien, Naguib Mahfouz, ça s’appelle « Entre deux palais ». Je lisais toujours cette histoire au moment de mes dialyses et je voulais vraiment terminer cette histoire en France. Jusqu’à maintenant, j’ai gardé le livre, mais je ne l’ai jamais terminé….