« Le Chant des Wallons »
Écrit en 1900 par Théophile Bovy, sur une musique composée par Louis Hillier, Le Chant des Wallons (Li Tchant des Walons en wallon) est l’hymne officiel de la Région wallonne. Non sans peine, car nombreuses furent les hésitations avant de l’adopter comme chant officiel…
Nous sommes en 1998 quand le Parlement wallon décide de fixer les emblèmes officiels pour la Wallonie (drapeau, hymne, fête). Quel chant patriotique représentera la Région ? Le Valeureux Liégeois (chant patriotique liégeois), Li Bia Bouquet (hymne namurois), Le Coq wallon (marche wallonne sur les motifs de la Marche rouge)…? Après bien des débats, c’est finalement Li Tchant des Walons de Théophile Bovy qui remporte le concours et qui est adopté par le décret du 23 juillet. Écrit initialement en langue wallonne (et plus spécifiquement en « parler de Liège »), des paroles en français furent composées pour la circonstance.
Mais revenons quelques temps en arrière… D’où vient ce Chant des Wallons ? En décembre 1899, la Ligue wallonne de Liège ouvre un concours destiné à couronner un chant capable de servir de ralliement aux Wallons. Le concours comprend d’abord une épreuve littéraire puis une épreuve musicale : 48 textes sont proposés au jury, qui, après de nombreuses délibérations, estime finalement qu’aucune des œuvres ne mérite de remporter le premier prix ! En conséquence, c’est le travail de Théophile Bovy, écrit en wallon de Liège et intitulé Strindans-nos bin (Soutenons-nous bien), classé deuxième, qui entre dans l’histoire en devenant Li Tchant des Walons. En 1901, la deuxième partie du concours est lancée pour couronner la meilleure composition musicale, c’est la musique de Louis Hillier qui est retenue.
Soutenu par les autorités communales, le chant patriotique wallon est rapidement adopté dans l’ouest de la Wallonie. Il ne s’impose cependant pas comme hymne de toute la région, notamment parce qu’il n’est pas traduit dans chacune des langues locales. Après hésitations, les membres de la Ligue wallonne de Liège décident d’encourager les diverses versions dialectales : tournaisienne, namuroise, carolorégienne, nivelloise, montoise, gaumaise, athoise, wallon du Centre, wallon de Tubize… Mais l’œuvre de Bovy, ainsi dialectale, variant au gré des patois, ne peut prétendre à l’universalisme wallon.
Après l’Armistice, l’idée d’un chant en français est relancée. En 1928, Henri Ohn prend l’initiative de la traduction en français du Chant des Wallons de Bovy, sans succès. En 1933, la Ligue wallonne propose la création d’un chant national wallon et l’ouverture d’un concours – à nouveau !- pour obtenir un nouveau chant, cette fois-ci écrit en français. Une multitude de propositions en découle.
Au cours des décennies, nombreuses furent les tentatives pour changer d’hymne et moderniser les paroles françaises du Chant des Wallons de Bovy. Finalement, le 4 juin 1998, la Commission spéciale du Parlement wallon décide de retenir la musique et les paroles transposées en français du Chant des Wallons de Bovy, sans retouche, sans modification, « dans le respect de son historicité ».
Voir la version originale, en wallon.
- L’hymne national de la Belgique est La Brabançonne.